La salle d’attente

La salle d’attente, ça sert à quoi ?

• Constats

Le plus souvent, l’enseignant.e est mobile dans sa classe et déambule d’une table à l’autre pour guider/aider ici et là, à longueur de journée (un PE fait sans mal ses 10.000 pas quotidiens ^^).
Néanmoins, certaines activités nécessitent de passer des moments plus longs avec ses élèves. Prenons l’exemple d’une production d’écrit : il peut être nécessaire de faire relire son texte à l’élève, de l’annoter en sa présence, de vérifier avec lui sa correction, etc. Et parfois, c’est un peu long.

Lorsque je suis à mon bureau, disponible pour recevoir les élèves individuellement, j’affiche le panneau « bureau ouvert » (voir ici).
Celui-ci limite la file d’attente à 3 élèves maximum. C’est suffisant pour garantir une bonne fluidité « du trafic » la plupart du temps.

Mais, lorsque le temps passé avec chaque élève s’allonge, la file aussi !

J’ai toujours trouvé que le temps passé à « attendre l’enseignant.e » était du temps perdu. Hors de question de voir mes élèves s’entasser les uns derrière les autres en une interminable queue lorsque je suis à mon bureau.
Sans compter qu’en plus d’être du temps gâché pour eux, ce sont aussi des moments qui engendrent de l’agitation (logique !).

Résultat ?
– Les élèves qui travaillent encore sont dérangés.
– L’enseignant.e est obligée de s’interrompre pour demander le calme et n’est plus disponible pour l’élève dont c’est le tour.
Bref, ce n’est positif pour personne !

• Principe et intérêts

Le principe est simple : quand un élève a besoin d’aide, il prend une pince numérotée et attend que l’enseignant.e appelle son numéro.

Plutôt que de prendre une pince numérotée, je préfère que mes élèves placent une pince avec leur prénom sur le support, pour plusieurs raisons :

• Ça me permet d’avoir une vue sur « qui » a besoin de moi et d’éventuellement guider sur le choix de l’activité autonome (on a tous cet élève qui finit très – trop – vite et ne pense jamais à utiliser son temps d’attente pour se relire ou terminer une tâche en cours…).
• Il peut m’arriver de différer une partie des corrections à un autre moment de la journée. Dans ce cas je laisse les prénoms sur le support et je peux reprendre là où je me suis arrêtée (bonus : sans que personne ne crie à l’injustice parce que « Ma pince elle était 2e et maintenant je suis 4e, c’est pas juste ! »)
• Je préfère appeler mes élèves par leur prénom que par un numéro.

C’est un peu comme chez le médecin, en somme. On attend sagement son tour et on a le droit de s’occuper en attendant.

Parvenir à gérer son temps fait partie de l’acquisition de l’autonomie. Mais pour cela, il est intéressant de donner des repères aux élèves afin qu’ils sachent comment mieux gérer ce temps.

L’élève n’adoptera pas les mêmes stratégies pour s’occuper s’il a une idée du temps qu’il aura à attendre.

Par ex : S’il y a un seul enfant devant lui, il peut en profiter pour se relire.
S’il y a 2 enfants avant lui, ils prendra peut-être un livre à la bibliothèque.
S’il y a 8 enfants avant lui, il s’engagera plus facilement dans une activité autonome plus longue (jeu, création, fiche…) car il aura une chance de la mener à terme.

Charge à chaque enseignant.e de définir avec ses élèves ce qu’ils peuvent faire « en autonomie ». Ce n’est pas le sujet de cet article ^^.

N.B. Evidemment aucun système n’est parfait. Mais celui-ci fait ses preuves depuis de années dans ma classe. 🙂
Néanmoins, je vous conseille d’attendre que l’année soit bien lancée et que les élèves soient aptes à se montrer un minimum autonomes. En CE1, je ne mets pas en place la salle d’attente dès la rentrée, évidemment !

Vous l’avez compris, la salle d’attente est donc un outil de gestion de classe qui permet d’optimiser le temps de l’élève et d’éviter l’agitation. C’est donc aussi un outil de gestion du stress (oui, oui) pour l’enseignant.e qui est plus disponible pour chacun.

Comment ça fonctionne ?

Lorsqu’il y a trop de monde « en attente » – j’entends par là plus de 3 élèves – ceux qui ont besoin de passer un moment avec moi positionnent la pince à linge portant leur prénom sur une tige, qui est placée sur mon bureau (ou tout autre lieu où j’ai élu domicile, comme la table d’atelier par exemple).

Il est important que les pinces se placent dans l’ordre d’arrivée des élèves.
Ils sont très sensibles à ça, on le sait.
J’ai donc réfléchi à un support qui permette de respecter cet ordre et d’éviter les chauffards (ceux qui doublent sans complexe, quelles que soient les conditions de circulation…on les connait ^^).

Astuce : Pour éviter les temps de latence entre deux élèves, j’appelle les élèves en avance. Par ex : « Après A, ce sera au tour de B ».
Ça permet à l’élève de se tenir prêt au bon moment au cas où il se serait lancé dans une activité autonome.

Les prénoms sont écrits assez gros pour être lisibles de loin, ce qui permet aux élèves de surveiller du coin de l’oeil l’avancée de leur pince dans la file.
On peut aussi nommer un élève responsable qui appelle le/la suivant.e ; ou encore demander à l’élève qui récupère sa pince d’aller prévenir celui qui prendra le relai. Bref, à vous de tester et de procéder à ces petits ajustements dans votre contexte de classe.

Quel matériel ?

• Le support à pinces

J’ai opté pour une tige en métal fixée dans un socle en bois.

J’ai donné les contraintes techniques à mon papa-bricolo (eh non, je n’ai aucun mérite ^^) :

• Les pinces doivent bien glisser sur la tige ; celle-ci doit donc être plus fine que les « trous » des pinces.
• Le socle doit être assez lourd pour que l’ensemble ne se casse pas la figure sous le poids des pinces.
• La tige ne doit pas présenter de danger.

La liste de matériel ci-dessous correspond à ma salle d’attente, pour vous donner une idée. Bien d’autres solutions sont possibles, évidemment.

Matériel :

• 1 socle en bois 11 x 7cm : percé au centre (trou de 4 mm) → récup
• 1 tige en laiton creux 32cm, diamètre 4mm → magasin de bricolage
• 1 boulon de 3mm à visser dans la tige → magasin de bricolage
• 1 petit bouchon en plastique à fixer au sommet de la tige → récup

PS : si on n’a pas de petit bouchon sous la main, on peut coller un écrou borgne au sommet de la tige, ou une boule de pâte autodurcissante.

• Les pinces à linge

Contrairement aux pinces à linge que j’utilise pour mes autres affichages (comme la fusée des responsabilités), je choisis des pinces plus grosses pour la salle d’attente.

En effet, les pinces doivent :
– glisser facilement sur la tige,
– être solides car on les manipule beaucoup.

Depuis l’an dernier j’ai opté pour des pinces en bambou. On en trouve dans des magasins pour la maison comme G*fi (moins de 3€ la vingtaine).

La qualité est bien supérieure aux pinces en bois : elles ne se cassent pas et le bois est tout lisse, ce qui les rend bien plus agréables à décorer avec des feutres Posca.

Et puis il y a un autre intérêt : quand mes élèves quittent ma classe, je leur offre leur pince en souvenir. Alors je m’applique pour leur faire ce petit cadeau.

Ceci étant éclairci, OUI, on peut tout à fait laisser les pinces naturelles et se contenter d’écrire les prénoms des élèves dessus.
Ou encore, on peut proposer aux élèves de les décorer eux-mêmes (si on ne craint pas l’esprit bariolé ^^).

Etant donné la solidité de ces pinces, et le fait que je garde maintenant mes élèves au CE1 et au CE2, j’ai décidé qu’ils utiliseraient dorénavant la même pince sur les 2 ans. Ça me fera des économies de temps et d’argent ^^.

Astuce : Je prévois des décos de couleurs différentes pour mes CE1 et mes CE2 afin de voir en un clin d’oeil sur la tige à quel niveau appartiennent les pinces.
Il est parfois nécessaire de faire passer les élèves d’un niveau en priorité.
C’est donc visuel pour moi ; et pour eux aussi !

• La pancarte « bureau ouvert / fermé »