J’ai quitté la mer il y a quelques jours, mais j’ai encore des envies d’océans. Je me suis dit qu’une petite chronique sur le thème marin me permettrait d’y replonger quelques instants.
Voici donc un album qui plaira à tous ceux qui aiment voyager sous l’eau : Bella.
Bella
Un livre d’Adrián Macho. Publié en 2019 aux éditions Kimane.
Résumé : Entourée de ses parents et de son grand frère, Bella la petite baleine eut une enfance heureuse. Mais un jour, à la suite d’un évènement imprévu, Bella se retrouva séparée de sa famille.
Triste et solitaire, elle parcourut les océans de l’équateur jusqu’au Grand Nord. En chemin, elle rencontra toutes sortes de créatures et se fit plein d’amis. Chaque nouvelle rencontre la réconforta, la rendit plus forte et lui donna le courage de continuer son voyage.
Parvenue à l’autre bout du monde, la petite Bella trouvera-t-elle le bonheur ?
Bella est une petite baleine qui vit une existence douce aux côtés de ses parents et de son frère Luca.
Sa mère lui chante de belles chansons et rien ne semble pouvoir troubler le voyage de cette famille si unie.
Pourtant, un matin, Bella se réveille. Elle ne se souvient de rien…
Elle se rend compte qu’elle est seule : sa famille a disparu. La petite baleine est terrifiée, ne sachant où aller. Elle se laisse alors porter par les eaux, guidée par l’espoir de retrouver les siens et bercée par la chanson de sa mère qui résonne encore dans sa tête.
En chemin, Bella rencontre deux orques à qui elle conte sa mésaventure. Son histoire ne semble pas si étrangère à l’une des orques : un vieux narval lui a raconté la même.
L’orque conseille donc à Bella de nager jusqu’au Grand Nord pour obtenir des réponses à ses questions.
Bella entreprend alors un grand voyage vers le Nord, un voyage qui dure plusieurs années. En chemin, elle croise des animaux marins avec qui elle passe de plus ou moins bons moments : une pieuvre, des mouettes, des manchots, un ours polaire.
Lorsqu’enfin elle arrive dans la grotte de glace du narval, la petite baleine sent qu’elle est devenue plus forte grâce à ses expériences.
Elle narre son histoire au vieux sage. Celui-ci lui dit qu’une autre petite baleine bleue lui a déjà conté la même histoire, et qu’elle est partie à l’est, vers la baie du Bonheur.
Bella est persuadée qu’il s’agit de son frère Luca. Alors, regonflée d’espoir, elle nage sans s’arrêter des jours et des nuits durant.
La fin est jolie : Bella et Luca se retrouvent, dans un somptueux fjord, endroit paradisiaque où il fait bon vivre pour les cétacés.
Pour être tout à fait transparente, en ce qui me concerne, l’intrigue n’a pas été un coup de cœur à la première lecture. Ce sont vraiment les illustrations qui m’ont touchée. Je les trouve tout simplement sublimes.
Côté écriture, j’ai tout de suite été sensible à la poésie de l’histoire et aux valeurs véhiculées concernant l’amour, la famille, la persévérance, la puissance du cœur. Toutefois, j’ai trouvé que l’ensemble manquait de rebondissements. Bella rencontre plusieurs personnages mais il n’y a pas beaucoup d’échanges avec ceux-ci, peu d’action. En tout cas, rien de suffisamment décrit.
Et puis, j’ai trouvé la fin jolie, mais peut-être un peu « trop belle », trop facile. À l’issue de cette première lecture, je suis donc restée sur ma faim.
J’ai davantage apprécié le texte lors d’une seconde lecture, différée dans le temps. Le côté initiatique du voyage de la petite baleine a pris le dessus sur mon attente de base. J’ai alors pris l’ouvrage comme une leçon de vie, et je pense que c’est ainsi qu’il s’apprécie.
Tout y est délicatement suggéré. Par exemple, à aucun moment l’auteur n’explique que les parents de Bella ont été massacrés par des hommes : on le comprend en observant l’illustration sur fond rouge. Le texte n’y refait allusion que bien plus tard, lorsque le vieux narval parle de « la nuit rouge ».
La notion de temps véhiculée est importante aussi : prendre le temps de grandir, d’aller vers les autres, de tirer leçon de tout, garder l’espoir et persévérer.
La disparition de la famille de Bella permet de parler de la problématique de la pêche intensive dans certaines régions du monde.
Et ce n’est pas la seule thématique environnementale que l’album invite à aborder : la rencontre avec la pieuvre et sa montage de déchets est une autre porte d’entrée vers des discussions écologiques avec les enfants.
Mais encore une fois, les allusions à la protection des océans sont suggérées, sans que ne soit ouvertement fait un procès du comportement des hommes. On pourra donc choisir de lire cet album sans appuyer sur ces points si on préfère porter toute son attention sur le voyage initiatique de Bella.
Le texte est assez long pour un album. On peut facilement en faire une lecture suivie de niveau CE1/CE2. L’ensemble n’est pas ardu mais le vocabulaire est riche.
En bref, un album magnifique dont les yeux se régalent à chaque page !
Et pour ceux qui veulent aller plus loin sur le thème des baleines et de leur migration, je ne peux que vous conseiller un autre album sur lequel j’ai craqué cette année :
Petite Baleine, de Jo Weavers aux éditions L’école des loisirs.
Il est indescriptible, tellement il est beau à regarder (le texte tient une part minime dans l’ensemble). Les illustrations sont entièrement en noir et blanc, réalisées au fusain. Le travail de Jo Weavers sur les ombres et la lumière est remarquable.
Je ne peux pas vous en dire beaucoup plus : il faut le voir, et le ressentir !
Voir aussi : Ma sélection d’album sur le thème des océans.
Merci pour toutes ces belles propositions d’ouvrages! Mes enfants ne sont jamais déçus. ❤️
Whaou c’est vrai qu’elles sont belles ces illustrations ! Merci du partage !
Magnifique histoire,encore bravo pour ce sublime travail.