Une mascotte au cycle 2

Il est d’usage d’adopter une mascotte dans les classes de maternelle. Objet d’attachement, déclencheur de parole, ses intérêts sont multiples. Si on en croise encore souvent lors des séances de langues vivantes dans les classes d’élémentaire, ça va rarement au-delà. Et pourtant…
En 2017, alors que j’enseignais déjà en CE1/CE2, c’est le délégué de la classe qui a proposé l’adoption de la première mascotte de ma classe. Et depuis (hormis durant le covid), je ne laisse pas passer une année sans mascotte !

Quels sont les intérêts pédagogiques ?

Adopter une mascotte en classe, c’est un peu comme adopter un animal de compagnie à la maison. Elle partage notre quotidien, les élèves s’y attachent, cela crée du lien entre eux.

De plus, cette mascotte étant vouée à voyager dans les familles le week-end, elle devient un vrai inducteur de langage.

Le lundi, lorsque l’élève qui a passé le week-end avec la mascotte la rapporte en classe, les autres s’empressent de découvrir les nouvelles aventures vécues par celle-ci. Cela suscite des interactions très intéressantes à observer : les enfants commentent, se posent des questions, se trouvent des points communs via les images partagées ou les activités réalisées.

Les enfants ont plaisir à raconter ces moments partagés avec la mascotte, soit à l’oral, soit par le biais du cahier de la mascotte.

C’est donc un réel inducteur de langage. Mais aussi un moyen de faire <strong>un pont entre l’école et les familles.

Quelle mascotte choisir ?

Il y a plusieurs possibilités :

• Laisser les élèves choisir. Voire confier ce rôle aux délégués de classe.
• Choisir soi-même en fonction de son thème annuel.
• Adopter une mascotte qui symbolise le lien école/maison mais n’a pas de lien particulier avec les apprentissages menés.

J’ai fait les 3 et je ne vois pas de meilleure option. Peu importe, tant que les enfants adhèrent.

Lors de ma première année d’expérimentation, Louloutre était un petit phoque blanc (marionnette) choisi par le délégué de classe.
Ensuite j’ai utilisé pendant plusieurs années Lili, la mascotte de l’app Klassly dont je me sers pour communiquer avec les familles.
À la rentrée 2023, nous adopterons Saï et Cajou, que j’ai choisis en lien avec mon projet de début d’année qui tournera autour de la légende du colibri et sera relié à la thématique amazonienne de l’agenda que j’ai créé avec ma collègue Sophie (éditions Retz).

Côte matériel, je choisis toujours des peluches. Il suffit de les passer de temps en temps au lave-linge.

Une ou deux mascottes ?

Je ne m’étais jamais posé la question jusqu’à ma discussion avec Pierre @maitrevandekamp.
C’est un peu la magie des échanges sur le net. 🙂
Il a aimé mon idée de la mascotte et l’a mise en place dans sa classe. En discutant, il m’a dit avoir testé la double mascotte. J’ai trouvé l’idée chouette car cela permet à chaque élève de partager 2 week-ends par an avec une mascotte. C’est vrai que c’est un peu frustrant quand on l’accueille en tout début d’année, de se dire que c’est fini pour l’année.

Je vais donc tester ça à la rentrée 2023.
Mais franchement, une mascotte c’est déjà très bien ! 😉

Quel nom donner à la mascotte ?

Là encore, plusieurs options :

• Laisser les élèves choisir. Jusque là, c’est ainsi que j’ai procédé. Les enfants qui avaient des idées ont fait des propositions puis on a voté pour leur nom préféré. On pourrait penser que c’est laborieux mais finalement ça s’est fait assez vite. Curieusement les enfants ne sont pas forcément attachés à leur propre proposition.
  Bref… c’est ainsi qu’un phoque s’est trouvé baptisé « Louloutre » et qu’une licorne a eu plusieurs nom, s’appelant « Klasscorn » puis « Lilicorn ».
• Choisir soi-même et puis voilà. Parce que c’est cool aussi ^^. On peut choisir un nom amusant, ou lié au caractère propre de notre classe, ou encore à un projet…
  Et puis parfois c’est pratique. Par exemple, une fois que j’ai eu thermocollé le nom « Lilicorn » sur son sac de transport fait main (sur lequel j’ai bien sué)… eh bien j’ai considéré que c’était son nom définitif, hors de question de le changer l’année d’après, haha.

Pourquoi garder sa mascotte plusieurs années est une bonne idée ?

On peut tout à fait changer de mascotte chaque année, évidemment.

Mais quitte à vous faire part de mon expérience, autant aller jusqu’au bout. Cela fait plusieurs années que j’ai le même niveau de classe. Je vois pas mal de fratries défiler. Et je laisse les cahiers des mascottes des années précédentes en libre accès à la bibliothèque.
C’est vraiment trop chouette d’entendre les élèves retrouver leurs grands frères et soeurs dans les anciens cahiers… voire se retrouver eux-mêmes en photo, lorsqu’ils étaient plus jeunes !

Deuxième avantage à garder sa mascotte plusieurs années : les économies de matériel.<br />Je ne parle pas tant pour l’argent que pour le temps passé, si comme moi vous envisagez de créer un sac de transport. C’est long à faire… et le réutiliser 2 ou 3 ans, c’est bien pratique.

Qui emporte la mascotte ?

Chaque vendredi nous tirons au sort le nom de l’enfant qui partira en week-end avec la mascotte.
Pour cela il suffit de prévoir en début d’année une petite boite avec des étiquettes portant le nom des élèves. Lorsqu’un élève est tiré au sort, son étiquette est retirée de la boite.

Parfois, il arrive qu’un élève demande à emporter la mascotte car il sait qu’il va vivre quelque chose de particulier le week-end suivant : son anniversaire, un séjour à la montagne…
Dans ce cas, nous prenons la décision tous ensemble de céder ou non à cette demande. Si un autre élève a le même souhait et que les autres sont d’accord, on discute ou on tire au sort entre ces 2 enfants. Et si cela pose souci ou qu’il y a un conflit, on procède au tirage au sort habituel.

On peut tout à fait faire autrement et planifier à la période (par exemple) qui prendra la mascotte quel week-end. Ce peut aussi être une décision prise en lien avec les parents d’élèves via un sondage (facile si vous utilisez une application comme Klassly).

Quelles sont les limites de ce projet ?

En commentaire sur Instagram, j’ai reçu un témoignage intéressant d’une collègue ayant vécu la mascotte « côté parent » dans une phase de vie compliquée. L’accueil de la mascotte à la maison avait donc été difficile à vivre pour cette personne, partagée entre l’envie de faire plaisir à son enfant et la sensation d’une intrusion dans sa sphère personnelle. Il me semblait important de mentionner ceci ici.

Pour ma part, je n’ai jamais eu de retours de la sorte de la part des parents de mes élèves. Bien sûr, je suppose que certains ont pesté lorsqu’il a fallu faire des photos et embarquer la mascotte partout. Mais ils ne me l’ont jamais dit ^^.

On m’a également demandé si ce n’était pas la porte ouverte à la surenchère : faire toujours plus et mieux que les copains avec la mascotte. Je n’ai jamais rencontré ce souci. La mascotte passe des week-ends sportifs à la mer ou au ski, des week-ends à la maison avec jeux de société et soirées raclettes… C’est varié et je n’ai jamais senti de compétition entre mes élèves.

Voici toutefois quelques précisions pour pallier les limites que j’ai pu rencontrer dans ma classe :

• Je n’oblige jamais un enfant à emporter la mascotte. Lorsque son nom est tiré au sort, l’enfant peut dire « non » et laisser sa place à un autre élève. Son étiquette est alors remise dans la boite (car ce même élève peut voir son envie ou sa situation évoluer dans l’année).
• Je suggère aux parents de me faire part des situations particulières en début d’année afin d’en tenir compte. On ne peut pas en vouloir à un enseignant de proposer des choses si on n’a pas communiqué en amont avec lui…
• Je propose aux familles d’imprimer les photos moi-même s’ils sont dans l’incapacité de le faire. Et d’ailleurs ces photos ne sont en rien une obligation. Certains enfants préfèrent dessiner et c’est OK !
• Si les parents n’ont pas eu le temps d’imprimer les images pour le lundi, je laisse bien sûr un délai supplémentaire à l’élève qui peut rapporter le cahier le mardi… voire le jeudi. L’essentiel est qu’on ait le temps de le consulter avant qu’il ne reparte.

Quel matériel prévoir ?

Trois choses :

• Une mascotte (ou deux) 
  Ben oui 😀
• Un sac de transport
  Je me régale à les réaliser moi-même parce que j’aime bien coudre. Mais ça prend du temps, et leur durée de vie est limitée car il est mis à rude épreuve (le dernier a tenu 2 ans) puisque le but c’est de protéger la mascotte et qu’elle est trimballée partout. On peut donc opter pour un sac tout fait. Un tote-bag par exemple. Je conseille toutefois un sac fermé. On ne sait jamais trop où il traine, et la mascotte peut vite s’en échapper…
• Un cahier
  J’opte pour des cahiers grand format lignés.
  La grande taille, c’est parce que c’est plus pratique pour coller les photos ou dessiner, coller…
  Les lignes, c’est parce que les enfants sont amenés à rédiger des phrases dans ce cahier.
  Bref, un cahier d’écolier bien solide fait l’affaire. Le fait qu’il soit transporté dans le sac dédié et non directement dans le cartable garantit sa préservation. ^^

Voici les pages d’entrée que je mets dans le cahier.
Elles sont en format modifiable pour que vous puissiez les adapter à vos mascottes si le coeur vous en dit.
Je compte sur vous pour respecter mon travail et ne pas les diffuser sans source… 😉

Intro modifiable .pptx

Polices utilisées : cinnamon cake + Always In My Heart