Depuis plusieurs années maintenant, je vous parle de chaudoudoux sur mon compte Instagram.
J’ai écrit plusieurs posts à leur sujet, et je reçois de nombreuses questions.
Je me décide donc enfin à leur dédier un article complet afin de retracer l’ensemble de ma démarche, de sa genèse à sa mise en place concrète.
Les chaudoudoux, qu’est-ce que c’est ?
Dans ma classe, ce que j’appelle « chaudoudoux », c’est l’ensemble des actions bienveillantes et des mots doux que l’on s’échange et qui rendent le climat de classe agréable dans un véritable but de « vivre ensemble ».
Les chaudoudoux, d’où ça vient ?
Le terme « chaudoudoux » vient de l’ouvrage de Claude Steiner, illustré par Pef :
Le conte chaud et doux des chaudoudoux.
J’ai acheté ce livre à mes débuts d’enseignante. Il m’a immédiatement parlé et fait depuis partie de mes indispensables.
Psychothérapeute de métier, Claude Steiner a eu l’ambition d’expliquer l’analyse transactionnelle aux enfants par le biais d’un conte.
Présentation :
L’histoire se passe dans des temps très anciens, dans un pays où les gens vivaient très heureux et avaient beaucoup d’amis. À sa naissance, chaque enfant recevait un sac plein de chaudoudoux au nombre inépuisable. Les gens distribuaient alors les chaudoudoux sans compter, semant ainsi le bonheur autour d’eux.
Mais un jour, la vilaine sorcière Belzépha vint semer le trouble. Elle fit germer dans l’esprit des habitants l’idée que les chaudoudoux n’étaient pas inépuisables et qu’à un moment il n’y en aurait plus. C’est ainsi que les gens se mirent à devenir méfiants et avares en chaudoudoux… Le monde devint alors triste à en mourir. La sorcière en profita pour vendre des potions inefficaces et alla même jusqu’à créer les froids-piquants, simulacres de chaudoudoux aux effets contraires.
Les enfants sont au coeur de cette histoire : ce sont eux qui finiront par sauver le pays en osant désobéir et aller contre la loi édifiée par les adultes interdisant la distribution de chaudoudoux.
Lire cet ouvrage en classe est chose commune. J’ai simplement eu envie d’aller plus loin et d’utiliser le terme de « chaudoudoux » si parlant dans mon quotidien de classe.
Comment introduire les chaudoudoux en classe ?
J’utilise la littérature. Dédier toute la première période de l’année à la lecture d’ouvrages sur le thème du vivre ensemble et du bonheur est devenu une habitude pour moi.
Le conte chaud et doux des chaudoudoux permet de parler de bonheur, de joie, de famille… mais aussi de rumeur, de mensonge, de malheur. On ajoute à tout cela de beaux débats sur la démocratie et la liberté (à adapter selon l’âge des enfants). Et nous voilà en présence d’une séquence fort intéressante, liant littérature et EMC !
Pour mener mon projet « chaudoudoux », j’ai choisi de lier étroitement le conte à l’album américain As-tu rempli un seau aujourd’hui ?
En effet, ces deux ouvrages me paraissent totalement complémentaires : quand le premier permet de saisir la nécessité de donner sans compter pour être heureux, le second fournit des explications concrètes sur le « comment ».
Le conte est en quelque sorte complété par « un guide pratique ».
Nous commençons donc l’année par la lecture approfondie du conte, en 6 épisodes. Puis lorsque l’histoire est bien comprise, nous lisons l’autre ouvrage.
> Attention : dans sa version originale, le 2e ouvrage est en anglais.
Vérifiez bien la langue avant de l’acheter !
Je travaille à partir de tapuscrits des deux ouvrages que j’ai réalisés*.
Comme ce sont des lectures de début d’année et que le texte de Steiner est très riche, cela permet à mes élèves de prendre des notes sur le document (entourer les mots difficiles, marquer les liaisons, surligner un passage à préparer en lecture à haute voix, etc).
À voir sur le blog
Vous trouverez ici :
- le fichier de lecture CE1/CE2 du conte des chaudoudoux
- le matériel des remplisseurs de seaux (voir explications plus bas)
* Je ne partage pas les tapuscrits, par respect du droit d’auteur.
Que faut-il comprendre ?
Ces deux livres permettent de mettre en place des bases qui seront essentielles à la vie de la classe tout au long de l’année, et par extension à la vie tout court.
Ainsi, les élèves comprennent que les « chaudoudoux » sont un ensemble de « choses simples » que l’on peut donner aux autres pour qu’ils se sentent bien.
- Un chaudoudoux peut être un geste : un sourire, un bisou, un câlin…
- Cela peut aussi être une parole : un remerciement, un compliment, des félicitations ou des encouragements.
La métaphore des seaux est très parlante et permet aux élèves de saisir l’importance de faire attention à son comportement :
- On peut vider ou remplir son seau et celui des autres, en fonction de ses actes et paroles.
- Remplir ou vider un seau peut être un acte conscient ou inconscient.
Enfin, je trouve ces livres très enrichissants en termes de langage et de vocabulaire :
- Les enfants s’expriment sur leurs vécus et leurs ressentis.
- Ils élargissent considérablement leur vocabulaire, ne se contentant plus de décrire un comportement comme « gentil » ou « méchant ».
Écrire des chaudoudoux
Les chaudoudoux peuvent prendre de multiples formes, vous l’avez compris… Parmi elles, il y a l’écriture de mots doux.
C’est un exercice très intéressant qui permet de développer ses compétences rédactionnelles dans un contexte de communication réelle : écrire a du sens.
C’est aussi le meilleur moyen de garder une trace des moments vécus et des actions réalisées.
La rédaction de petits billets permet aux enfants de se remercier, se féliciter, s’encourager ou se complimenter. L’affiche ci-contre est dispo ici.
Au début de l’année
Je commence par de courtes sessions d’écriture de chaudoudoux sur ardoise. Il s’agit d’écrire une phrase simple, très bon exercice pour un début d’année.
Proposition 1 : Écrire un mot à un camarade.
L’effet est immédiat : les sourires s’affichent sur les visages. Les enfants prennent conscience qu’en adressant une parole gentille, ils remplissent le seau de l’autre, mais aussi le leur ! C’est magique.
Conseil : Pour cet exercice, le mieux est de tirer au sort des binômes afin de garantir la participation de tous.
Proposition 2 : S’écrire un mot.
Notre seau contient aussi les bonnes pensées et les bons sentiments qu’on a vis-à-vis de soi-même. Il est donc important de proposer aux enfants de s’auto-adresser des mots doux. Cela aide à avoir une bonne estime de soi.
Tout au long de l’année
Bien entendu, l’idée est que l’écriture de chaudoudoux se poursuive tout au long de l’année et régulièrement !
Elle peut se faire sur n’importe quel support, bien entendu. À vous de voir ce qui vous convient.
Dans ma classe, je laisse à disposition au coin écriture des petits billets vierges que j’imprime sur des feuilles blanches et colorées.
Mes élèves peuvent donc se prêter à l’exercice quand ils le souhaitent.
Ils ont aussi le droit d’en emporter à la maison pour les écrire tranquillement le soir s’ils préfèrent.
Ces billets ont l’avantage d’imposer une structure et surtout une signature.
Je trouve cela essentiel : signer son message est un engagement moral. On le sait, dire des mots doux n’est pas toujours facile, mais si on apprend à le faire tôt, cela sert toute la vie.
Le fait de signer évite également les dérives éventuelles et la distribution de mots désagréables.
Afin que l’écriture soit régulière et spontanée, je fais le choix de ne pas en contrôler l’orthographe. Je ne corrige que si les enfants me le demandent.
Ça implique un certain lâcher-prise, mais si on veut que l’expérience porte ses fruits, c’est indispensable. Si les enfants voient dans cet acte d’écriture une contrainte, ils se lasseront vite et se limiteront dans le contenu, de peur de ne pas « savoir comment ça s’écrit ».
Les boîtes à chaudoudoux
J’ai réalisé des « boites aux lettres » dans lesquelles mes élèves se laissent leurs petits mots doux.
J’ai utilisé une planche de récup’ sur laquelle j’ai agrafé 6 bandes de tissu avec lesquelles j’ai formé 30 pochettes.
Chaque élève a une pochette à son nom, il y en a aussi une pour l’AESH et une pour moi.
N’hésitez pas à regarder la vidéo que j’ai publiée sur Instagram pour voir les étapes de fabrication : clic.
Vous trouverez ci-dessous une photo de mon cahier de couture avec toutes les infos et dimensions.
Je me suis inspirée de l’image ci-contre, trouvée sur Pinterest… J’adorais l’idée d’utiliser de vrais petits seaux comme dans le livre, mais j’ai adapté avec le matériel et la place que j’avais.
Le côté pratique des petits seaux, c’est qu’on peut les décrocher pour les ditribuer et éviter les attroupements devant l’affichage, ce qui n’est pas le cas avec mon panneau.
Si on a un peu de budget à consacrer au projet, on peut investir dans des petits seaux métalliques par exemple. Ils seront réutilisés d’une année sur l’autre.
Autres idées pour rester dans le même esprit avec un budget zéro (mais du matériel moins durable) : gobelets en carton, rouleaux de papier toilette disposés les uns sous les autres…
Questions fréquentes
Je regroupe ici les questions qui m’ont été posées dans les commentaires de mes posts Instagram ou en messages privés. N’hésitez pas à m’envoyer un message ou à commenter ci-dessous si vous avez d’autres questions.
Où ranger les chaudoudoux ?
Je donne à chaque élève une enveloppe A5 en craft.
D’un côté on colle le coloriage du remplisseur ou de la remplisseuse de seau (dispo ici). L’autre côté est décoré librement (ou pas).
L’enveloppe est rangée dans la chemise de devoirs : c’est une chemise à élastiques qui est toujours dans le cartable. Ainsi mes élèves peuvent relire leurs chaudoudoux à la maison et ont toujours la pochette sur eux pour pouvoir la remplir.
Quand ouvrir les chaudoudoux ?
Il n’y a pas de règle… J’ai testé plusieurs choses.
Généralement je propose qu’on ouvre les chaudoudoux le vendredi soir, lors de ce que j’appelle « le bilan de la semaine ».
On prend un petit temps pour récolter nos mots doux, les ouvrir, les savourer et les ranger bien au chaud dans notre pochette pour les relire plus tard à la maison.
Quand on manque de temps (ça arrive souvent), on se débrouille pour les distribuer quand même et la lecture se fait après la classe.
Fonctionner à la semaine permet de voir les pochettes se remplir, et laisse le temps aux enfants d’écrire à tout le monde ; cela est intéressant si on veut s’assurer que tous les enfants reçoivent des chaudoudoux.
Mais on peut aussi envisager de faire différemment : laisser les élèves ouvrir leurs chaudoudoux quand ils le souhaitent, ou encore installer un temps ritualisé chaque jour. Le matin pour bien démarrer la journée, ou le soir pour partir le coeur léger.
Il m’est arrivé de changer de fonctionnement en cours d’année, m’adaptant aux conditions et aux retours faits par mes élèves (cf. question suivante).
Il faut tester… et rester flexible !
Que faire si tout le monde n'a pas de chaudoudoux ?
Pour m’assurer que tout le monde ait des chaudoudoux, en début d’année, je propose qu’on distribue les mots à la fin de la semaine (cf. question précédente).
Je pose alors comme condition : si tout le monde n’a pas au moins un chaudoudoux, on n’ouvre rien.
Cela n’est pas tenable sur l’année, bien sûr.
Déjà parce que cela risque d’inciter les enfants à écrire n’importe quoi, juste pour remplir des pochettes restées vides, ce qui n’a pas grand intérêt.
Et ensuite parce que se dessinent forcément des profils d’enfants qui ne rentrent pas dans l’expérience, n’écrivent jamais de mots, et donc par conséquent, en reçoivent très peu. C’est la vie, il y en a toujours.
Or on ne peut condamner une expérience collective à cause du comportement d’un ou deux élèves.
Ma condition est donc posée au tout début, le temps d’amorcer le projet, en espérant faire adhérer un maximum d’élèves… et pour cela, ils doivent prendre du plaisir et expérimenter la joie de donner et recevoir. Obliger ne sert à rien à terme, mais il faut pousser tout le monde au départ. 🙂
L’idée est de veiller à ce que personne ne soit laissé de côté. Raison pour laquelle moi aussi, je me plie régulièrement à ce petit exercice d’écriture. Rares sont les enfants exclus car l’expérience modifie en profondeur le climat de classe et rend les enfants plus bienveillants et tolérants. Je sais que ça parait idyllique mais c’est un constat réel. J’ai en tête l’exemple d’un élève qui communiquait peu et qui s’est transformé en quelques semaines grâce aux chaudoudoux, arrivant à l’école souriant, toujours le premier à écrire des mots aux autres. C’est un exemple parmi d’autres.
Ceci dit, on ne peut pas forcer les enfants : ceux qui refusent d’écrire ne peuvent pas s’attendre à recevoir sur la durée. C’est une leçon de vie aussi… plus je donne, plus je reçois.
C’est la raison pour laquelle, une fois que le cadre est posé, je lève la condition d’attendre que tout le monde ait une pochette garnie.
N’hésitez pas si vous avez des témoignages à ce sujet ou des astuces à partager !
Et si ça s'essoufle, on fait quoi ?
En cours d’année, je fais des points réguliers qui me permettent de modifier des choses, m’adapter au contexte et aux élèves en présence.
FLEXIBILITÉ, on a dit ! Dans un domaine qui touche les sentiments, c’est la base.
> Exemple 1 : Un élève a relevé le fait qu’il écrivait beaucoup de mots mais n’en recevait que très peu, qu’il était démotivé.
Le fait d’exprimer cela à haute voix a fait prendre conscience à certains que, s’ils trouvaient appréciables de recevoir, ils ne faisaient plus beaucoup d’efforts pour donner. Et les comportements ont changé, l’écriture de billets a repris et l’élève en question s’est trouvé comblé de petits mots à son intention.
> Exemple 2 : J’ai remarqué que sur une période les pochettes restaient vides ou presque. Évoquer ceci avec mes élèves leur a permis de s’exprimer et de m’expliquer qu’ils oubliaient parce qu’ils avaient trop envie de jouer en autonomie, ou qu’ils n’avaient pas eu assez de temps libre.
Là encore cela m’a permis d’adapter : permettre d’ouvrir les chaudoudoux tous les jours certaines années, autoriser les enfants à emporter des billets vierges pour les remplir tranquillement à la maison ou à l’étude (et les voir jouer au Père Noël qui distribue ses cadeaux le matin, j’adore !) ou bien instaurer des temps d’écriture de chaudoudoux dans l’emploi du temps.
Comment être sûr.e que les élèves échangent des chaudoudoux ?
Pour que les élèves vivent pleinement l’expérience et la fassent durer dans le temps, ils doivent y prendre du plaisir.
Cela implique de poser un cadre de confiance et aussi de ne pas les limiter.
Se lancer dans un tel projet soulève des inquiétudes du côté de l’enseignant.e (j’y ai beaucoup pensé moi-même) mais rassurez-vous : l’obligation de signer ses chaudoudoux et le cadre posé en amont évitent 99% des débordements qu’on pourrait redouter !
Faites confiance à vos élèves : ils ne s’échangent pas des chaudoudoux pour vous faire plaisir à vous ; ils le font parce qu’ils prennent conscience que cela leur fait du bien et fait du bien autour d’eux.
Voici mes conseils :
1. Poser un cadre dans lequel les enfants se sentent en sécurité.
Dès le premier jour, je leur demande de venir me voir dès qu’ils ont un doute, s’ils éprouvent une gêne quelconque à la lecture d’un message, ou s’ils reçoivent un message non signé.
2. Ne pas surveiller ce que les enfants écrivent.
Ils doivent se sentir libres de s’exprimer. Personnellement, je n’aimerais pas qu’on lise les messages que j’envoie à mes amis. Je respecte donc cette part d’intimité (en posant le cadre cité ci-dessous).
3. Lâcher prise sur l’orthographe.
Ne pas vérifier les écrits implique d’accepter que des mots avec des erreurs d’orthographe circulent dans la classe.
Moi qui suis du genre à tout corriger, ça m’a demandé de prendre sur moi au début. Mais c’est ça la vraie vie : nos élèves n’attendent pas d’être en classe pour écrire et oui, ils font des erreurs. Toutefois on ne perd pas de vue que l’un des objectifs, c’est d’utiliser l’écriture dans une situation de la vie courante. Cela fait SENS, c’est l’essentiel.
Néanmoins, cela n’empêche pas de faire attention. J’explique à mes élèves qu’il est important d’offrir des chaudoudoux avec tout son coeur, d’y passer du temps, qu’on peut demander de l’aide pour écrire un mot (je propose même de corriger les écrits de ceux qui le souhaitent), qu’on peut décorer son billet, utiliser des couleurs…
4. Autoriser d’autres moyens d’expression.
Rapidement, certains élèves demandent à laisser d’autres types de chaudoudoux dans les pochettes. Je laisse faire et vois ainsi être distribués : pliages origami, dessins, petits bricolages, bracelets…
C'est quoi, les froids-piquants ?
Dans le conte des chaudoudoux, les froids-piquants sont une invention de la sorcière. Elle remplace les chaudoudoux par des froids-piquants, qui rendent les gens qui les reçoivent froids et hargneux.
Certains vont même jusqu’à déguiser les froids-piquants en chaudoudoux (à grand renfort de plumes douces).
J’y vois une manière imagée d’aborder avec les enfants :
– Les mots qui blessent directement (les insultes, les mauvaises paroles…) ; ce sont les froids-piquants.
– Les mots qui blessent de façon détournée (une mauvaise blague, l’usage de l’ironie…) ; ce sont les froids-piquants déguisés.
Que faire en cas de froids-piquants ?
Dans ce cadre où les mots sont écrits (et donc, restent), il est très rare que les élèves s’amusent à rédiger des froids-piquants.
Toutefois, cela peut arriver et c’est pour cette raison que, dès le début de l’expérience, je suis très claire avec mes élèves : ils doivent venir me voir dès qu’ils reçoivent un mot non signé et/ou dès qu’ils éprouvent une gêne à la lecture du contenu des mots qu’ils reçoivent.
J’ai rencontré une situation de « froid-piquant » 2 fois seulement, avec une nuance dans la façon de faire.
1. Des paroles blessantes
Un jour, un élève vient me voir et me montre un mot qu’on a glissé dans sa pochette : « Tu es moche. »
> Nous en avons discuté. Je lui ai demandé si cela le touchait, pourquoi, etc, afin que l’élève dépose l’émotion suscitée par la lecture de ce vilain mot. Il se trouve que le mot n’était pas signé (évidemment… il est encore plus rare de voir des froids-piquants écrits ET assumés par leur auteur !). Nous avons donc convenu qu’il n’avait pas de valeur, conformément à notre règlement, et que donc nous pouvions le jeter à la poubelle dans le fond et la forme : l’élève a jeté le papier et symboliquement effacé la trace laissé par ces mots sur son coeur.
> Dans un second temps, j’en ai parlé avec le groupe classe. Cela m’a permis de réexpliquer que dire des paroles blessantes vidait le seau de celui qui les recevait (avec « témoignage » de l’élève destinataire) ; mais que cela vidait aussi le seau de l’expéditeur, même s’il n’avait pas le courage de se dénoncer. Et que donc, personne n’avait à y gagner dans l’histoire.
Ça ne s’est jamais reproduit, mais je suppose que j’y serai confrontée d’autres fois.
2. La fausse signature
Autre cas, tout différent. Le mot, adressé à un garçon de la classe disait « Je t’aime. », signé du prénom d’une fille. Cela n’aurait peut-être pas été le cas en CM, mais ici la magie veut qu’à cet âge plein d’innocence, le garçon est allé voir la fille pour lui en parler directement. Elle a donc immédiatement pu dénoncer le fait qu’elle n’était pas l’autrice du message.
> Ils sont venus m’en parler, tous les deux choqués qu’on puisse « mentir » de la sorte. Je leur ai proposé d’en parler devant la classe afin que cette expérience puisse servir de leçon.
> La discussion a cette fois-ci porté sur l’usurpation d’identité (oui, j’aime bien en faire des caisses ^^) et la gravité d’un tel acte. Mais surtout sur la nécessité de pouvoir se faire confiance, d’être responsable et de respecter chaque individu. Le tout à grand renfort d’exemples de situations où se faire passer pour quelqu’un d’autre peut s’avérer dangereux.
> De mon point de vue d’enseignante, j’ai trouvé cette situation très intéressante à gérer et à vrai dire, je me suis étonnée qu’elle ne se soit pas présentée les premières années.
Est-ce adaptable au cycle 3 ?
J’aurais tendance à répondre que OUI, sans problème, parce que :
– Le conte est assez long et ardu pour être lu avec des grands. Ce n’est pas un conte « pour les petits ».
– Il n’y a pas d’âge pour se faire du bien et cette expérience apporte vraiment un climat de classe plus serein.
– On pourra exploiter encore plus en profondeur le lexique du remplisseur de seau, qui est assez complexe.
> Voir les mots cachés : ici
– Vous êtes plusieurs à m’avoir écrit sur les RS pour me dire que vous aviez tenté avec succès avec des CM et des collégiens en ULIS.
Par contre, j’insisterais encore davantage sur le cadre et la nécessité de s’appuyer sur la présence de l’enseignant.e afin de vivre une expérience de vie collective positive pour tous.
Pour aller plus loin…
Enfin, voici une petite idée pour décorer le couloir : réaliser des étiquettes de porte-manteaux « chaudoudoux ».
Matériel :
– bandes de canson de 10 cm de large
– crayons aquarellables
Réalisation :
– Tracer et colorier un rond de la couleur de son choix.
– Passer un pinceau mouillé pour définir la forme de son chaudoudoux.
– Une fois sec, ajouter des poils tout autour avec les crayons.
– Avec des feutres dessiner les yeux, le nez et la bouche.
Merci pour ces explications et l’idée, j’adore ! Je pense essayer en reprenant le travail !
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Merci pour cet article ! Cela donne très envie. Je vais acheter les albums et essayer de mettre ça rapidement en place. Très bon support pour l’emc.
Merci d’avoir pris le temps d’expliquer en détails ton fonctionnement !! C’est tellement clair. J’ai beaucoup utilisé les deux contes évoqués mais je n’ai jamais été jusqu’au système « annuel ». Je m’en sens plus capable maintenant. Merci!
Bonjour
Je viens de finir ton article sur mes chaudoudoux et j’adhère absolument. Je vais essayer de le mettre en place au plus vite. Un grand merci pour le partage de cette super idée !
Un immense merci pour cette idée et toutes ces explications ! Ayant une classe difficile cette année avec son lot de moqueries, d’insultes et de manque de respect aussi bien physique que verbal , je vais tester ces chaudoudoux dès la rentrée. En espérant semer des petites graines qui rétabliront une ambiance de classe agréable. Encore merci pour tout ce que vous produisez et mettez à disposition. Votre travail est une vraie mine d’or !