Après les livres inducteurs pour la production d’écrits, voici une sélection de jeux pour raconter qui vous permettront de mettre en oeuvre des compétences langagières et rédactionnelles.
Speech
Edité chez Cocktail Games, créé par Yves Hirschfeld et Fabien Bleuze.
Composition du jeu :
- Age : à partir de 8 ans
- Nombre de joueurs : 3 à 12
- Contenu de la boite : 60 cartes images recto/verso (soit 120 images), 1 livret des règles du jeu.
Comment jouer ?
But du jeu : Gagner le plus grand nombre de joutes verbales grâce à son imagination et ses talents d’orateur.
Préparation : On mélange les cartes et on en fait une pile au milieu de la table.
Déroulement : Une partie compte autant de joutes qu’il y a de joueurs, en sachant que chaque joueur doit avoir endossé une fois le rôle de « meneur » et une fois le rôle d’ « adversaire ».
Lorsque la partie regroupe 3 à 5 joueurs, chacun joue pour soi. Au-delà, de 6 à 12 joueurs, on répartit les joueurs en équipes.
Pour chaque joute, le meneur impose un mode de jeu à son adversaire. Le mode de jeu peut donc changer d’une joute à l’autre, au sein d’une même partie.
Il y a 4 modes de jeu possibles dont les détails sont fournis dans les règles. En quelques mots :
- Alors raconte ! Le meneur invente une histoire d’au moins 1 minute à partir de 5 cartes. L’adversaire fait de même avec 5 autres cartes.
- Qui dit mieux ? La procédure est la même que pour « Alors raconte ! » mais les deux joueurs inventent leur histoire à partir des mêmes cartes.
- Questions-réponses : Le meneur et son adversaire prennent chacun 8 cartes. Le meneur abat sa 1ère carte et en sort une question, l’adversaire répond à l’aide de sa 1ère carte ; puis pose une question au meneur à partir de sa 2ème carte, etc.
- Le débat : A partir d’une carte choisie aléatoirement, le meneur et son adversaire se mettent d’accord sur le thème du débat qui va se dérouler pendant au moins une minute. Puis chaque joueur, à partir des cartes qu’il a en main, avancera tour à tour un argument pour faire avancer le débat.
A l’issue de la dernière joute, le joueur (ou l’équipe) qui a gagné le plus grand nombre de joutes remporte la partie. En cas d’égalité, on fait une ultime joute pour départager les joueurs.
Mon avis
C’est un excellent jeu pour développer le langage oral à partir d’images qui servent d’inducteurs. Les joueurs doivent faire preuve d’une grande imagination. Les premières parties peuvent être un peu laborieuses, mais rapidement les enfants inventeront des histoires de plus en plus farfelues.
Le principe de dévoiler les cartes une à une ajoute une dimension d’improvisation à ce jeu. Le joueur doit alors s’adapter et changer la direction que prend son récit.
Au-delà des règles du jeu d’origine, ces cartes sont un support de production langagière ou écrite qu’on peut utiliser sans peine en classe. On peut inventer une histoire à partir d’une ou plusieurs cartes, dans un ordre imposé ou non, dévoilées dès le début ou au fur et à mesure de la narration ; inventer une histoire à plusieurs sur le principe du cadavre exquis (cette variante est incluse dans les règles du jeu) ; écrire la description d’une image… bref, les possibilités sont sans fin.
Les cartes sont de bonne qualité, plastifiées et rangées dans une petite boite en fer. Côté prix, ce jeu coute une dizaine d’euros.
Bon à savoir ! Une seconde version existe, sur le thème des contes de fées : un super outil pour écrire un conte, bonne alternative si on n’a pas le courage d’imprimer/plastifier/découper soi-même un tarot des contes (oui, j’avoue qu’à ce prix là, je deviens fainéante ^^).
Comment j’ai adopté un dragon
Edité chez Le droit de perdre, créé par Yves Hirschfeld et Fabien Bleuze.
Composition du jeu :
- Age : à partir de 7 ans
- Nombre de joueurs : 3 à 8
- Contenu de la boite : 4 cartes de 30 thèmes (soit 120 thèmes), 5 dés-connecteurs, 1 dé blanc, 2 dés numérotés, les règles du jeu.
Comment jouer ?
But du jeu : Raconter une histoire (drôle ^^).
Préparation : On prend une carte thème au hasard et le joueur-narrateur qui commence choisit un thème grâce aux dés numérotés. Il installe les 5 dés-connecteurs devant lui, du plus clair au plus foncé. Il garde le dé blanc à portée de main.
Déroulement : Le joueur-narrateur lance le dé jaune et commence son récit avec les mots obtenus. Quand il le souhaite, il lance un à un les dés suivants de manière à relancer son histoire. Durant son récit, il doit aussi lancer le dé blanc, au moment de son choix mais impérativement avant le dé bleu qui sert à conclure.
Les autres joueurs ont la possibilité de lancer le dé noir (jusqu’à 3 fois) au cours du récit du narrateur afin de lui couper la parole et de l’obliger à intégrer dans son histoire la réponse à une question farfelue.
Mon avis
Ce jeu est extrêmement drôle car le choix des connecteurs proposés sur les dés est extra ! On sort des connecteurs classiques. Le récit est inévitablement rythmé et plein de rebondissements.
Quelques exemples pour les dés de couleur :
- dé jaune : Je vous ai jamais dit / Un beau jour / …
- dé orange : Mais vous savez quoi / Et puis / …
- dé rouge : Pas de bol / Donc, sans hésiter / …
- dé violet : Ni une, ni deux / Comme par hasard / …
- dé bleu : Comme disait mon pépé / C’est ainsi que / …
Le dé blanc contient des onomatopées : PAF ! / GRRR / TIN TIN TIIIN ! / …
Et enfin, le dé noir est là pour pimenter le récit puisque le narrateur ne sait jamais quand les autres joueurs vont le faire rouler. Il doit se préparer à changer l’orientation de son histoire à tout moment, car il n’est franchement pas facile de rester sur son idée de base quand tout à coup il faut répondre à une question du type « Tu peux le prouver ? » ou « Et ton chien dans tout ça ? ».
Le système de comptage des points est aussi drôle que le jeu puisque vous n’êtes pas sans avoir remarqué le nom de la maison qui édite ce jeu : Le droit de perdre. Tout est dit. Le narrateur s’autoévalue (si on peut le dire ainsi ^^) en lançant un dé numéroté. Sa note est donc très aléatoire. A cette note peut s’ajouter les points que les autres joueurs peuvent (ou non) ajouter en lançant le second dé numéroté. En résumé, il n’y a pas de gagnant. On gagne le droit de jouer et de s’amuser, et ça c’est génial, non ?
Ce jeu était nominé dans la sélection des EducaFLIP 2017. Nous avons donc eu, les copains blogueurs et moi, la chance d’avoir une démonstration du jeu par ses auteurs (qui sont aussi les auteurs de Speech). Je les salue ici, en souvenir de cette histoire mémorablement drôle ^^.
J’ajouterai la vidéo lorsqu’elle sera disponible.
En classe, vous aurez certainement déjà saisi toutes les possibilités qu’offrent ce jeu : inventer pour dire des histoires drôles et imprévisibles ! On lance les dés et hop, on laisse filer son imagination. On peut bien sûr mettre son histoire en mots sur le papier, bon inducteur de production d’écrits longs.
La liste des thèmes proposés est très complète mais rien n’empêche d’en inventer d’autres. Et d’ailleurs, inventer et écrire un intitulé de thème, rien que ça, en voilà une bonne idée de production d’écrits courts ! Et ensuite ? Eh bien on lance les dés et on invente des histoires à partir des thèmes inventés par la classe 😉
Côté matériel, les dés sont en bois. La boite est compacte, en carton solide. Le prix ? Moins de 15€.
Imagidés
Edité chez Gigamic, créé par Emily Daly et Stéphane Escapa
Composition du jeu :
- Age : à partir de 4 ans
- Nombre de joueurs : 2 à 15
- Contenu de la boite : 12 dés à thème gravés sur les 6 faces (soit 72 images), les règles du jeu.
Comment jouer ?
But du jeu : Raconter une histoire imaginaire.
Préparation : Les joueurs prennent les 12 dés ou en sélectionnent certains, selon les thèmes qui les inspirent. Un joueur (ou plusieurs) lance(nt) les dés. Les joueurs ont la possibilité de définir un thème général pour leur récit (voyages, fantastique…) mais ce n’est pas une obligation.
Déroulement : Le joueur n°1 choisit un des dés et le place devant lui. L’image qui y figure va servir de début à son récit. C’est ensuite au joueur n°2 de prendre un dé et de poursuivre l’histoire du joueur précédent… et ainsi de suite jusqu’à ce que tous les joueurs aient « apporté leur dé au récit ».
Mon avis
J’aime beaucoup le principe coopératif des règles de base : on construit un récit à plusieurs à partir d’images tirées aléatoirement. C’est d’ailleurs un support d’activités langagières pertinent, qui n’a pas d’autre but que de guider mais qui laisse toute la liberté aux narrateurs qui peuvent laisser libre cours à leur imagination.
J’apprécie la possibilité de réduire la durée de la partie en réduisant le nombre de dés lancés au départ.
Les possibilités pédagogiques offertes par les Imagidés sont aussi variées que pour les jeux précédemment cités : possibilités infinies de production d’histoires orales ou écrites.
Le support en font toutefois un jeu singulier. En effet, les images, qui sont davantage des pictogrammes que des illustrations, se distinguent de celles que l’on peut trouver dans Speech. Et ici, pas de connecteurs proposés, c’est donc aussi totalement différent de Comment j’ai adopté un dragon.
Le travail de lexique mené à partir de ces petits dés peut s’avérer fort riche. A partir d’une image, que l’on peut se contenter de nommer, il est très intéressant de construire un champ lexical, une famille de mots, de trouver des synonymes/antonymes, de faire des associations d’idées.
Les auteurs proposent même l’idée d’en faire un jeu multi-langue puisqu’il n’y a que des images et c’est une sacré bonne idée. On pourra ainsi travailler le vocabulaire en anglais, en espagnol… et pourquoi pas raconter une petite histoire dans une autre langue (bon peut-être pas en CE1, hein :-p). D’ailleurs, Speech, également sans texte, pourrait être utilisé de la même manière dans d’autres langues !
Les dés sont rangés dans une petite boite métallique. Et le prix : une dizaine d’euros.
Et vous ? Avez-vous déjà utilisé des jeux pour raconter des histoires dans vos classes ? C’est tentant, non ?!
Nous vous saluons chère amie et vous remercions pour cet article fort sympathique sur nos créations. Nous gardons également un souvenir mémorable de notre démonstration au concours EducaFLIP 2017. Au plaisir de vous y retrouver en 2018 🙂
Fabien et Yves
Merci pour ce partage ! Je viens de citer ton article dans mon dernier billet en ajoutant 6 autres jeux avec différents niveaux de difficulté (certains sont destinés aux plus grands) : http://apprendreavecbonheur.blogspot.fr/2017/08/9-jeux-pour-samuser-exercer-son.html
Bonne journée !
Super Merci, nous partons sur le thème des contes cette année. Mes élèves vont adorer
Bon… je note dans mon bullet : Ne plus venir chez Lutin avant la paye. Voilà 😮
Hahaha ^^ et je n’ai pas fini !! C’est ça d’aller au FLIP, on en revient plein d’idées et de choses à faire découvrir :-p Je ne vais quand même pas garder tout ça pour moi !
Je viens d’acheter les Imagidés pour la rentrée… Je pense les utiliser pour le jogging d’écriture, une fois par semaine.
Top ces jeux , merci Lutin !